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MISE A JOUR du 12 mars 2008 :

Les risques chimiques dans les Balkans. (partie 1)

Cette mise à jour ne traitera que des armes chimiques. La prochaine mise à jour abordera le problème sanitaire causé par la destruction, avec des munitions à uranium appauvri (UA), d'usines industrielles produisant des engrais chimiques, ou bien comme à Mitrovica, au Kosovo, une usine créant une pollution au plomb .... mais qui a sans doute aussi fait l'objet d'une destruction par munitions à l'UA.

Ces risques étaient bien réels et connus comme le prouvent les documents qui suivent :

lettre

En 1993, de violents combats ont eu lieu entre les différentes éthnies. Les convois étaient parfois stoppés dans l'attente d'une accalmie. Les témoignages, que j'ai pu recueillir auprès d'anciens compagnons d'armes, ont confirmé la proximité qui pouvait n'être, parfois, que de quelques centaines de mètres. Des nuages indéterminés ou des panaches de fumée arrivaient jusqu'aux soldats de la FORPRONU qui ne disposaient que des gilets pare-balles, du casque lourd et des armes de service.

Ces récits sont confirmés par une brochure militaire qui a circulé dans la base arrière de Pleso (près de Zagreb, en Croatie). Il s'agit de :

titre

Lire le SOMMAIRE et le NOM DES REDACTEURS:

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Voici un extrait de la page 7

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... et de la page 11

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Un extrait, maintenant, du livre de Marleen Teugels, "Armes sales, guerre propre ? " dont on retrouvera les références, dans la page: Bibliographie

annexe

Comme on peut le lire, les belligérants possédaient des gaz irritants (CS), paralysants ( BZ ), mais plus grave encore, du gaz Sarin ou du gaz Moutarde qui sont, eux, mortels !


Marleen TEUGELS consacre les pages 119 à 148 aux risques chimiques dans les Balkans.

VOICI UN EXTRAIT DE CE LIVRE, traitant des chimiques de guerre ( p. 140 - 143 )

Un vétéran belge me signale avoir découvert des armes chimiques dans la Krajina en mars 1995. Pas du gaz lacrymogène ou des fumigènes ordinaires mais de petits conteneurs de gaz neurotoxique. Personne ne confirme.

En 1998 déjà, le vétéran néerlandais Martin van der Zwan a publiquement révélé l'affaire dans un reportage de la chaîne néerlandaise Zembla (Dutchbat & het gifgas, de Jos van Dongen et Ger van Westing}.
En 1993, Van der Zwan est parti en Bosnie. En soutien aux opérations Unprofor, les Néerlandais ont été installés avec un bataillon kényan près du front entre Serbes et Croates. Van der Zwan était chargé des transmissions avec le quartier-général de l'Unprofor. Le 6 juillet 1993, il mentionne dans son journal :
« Kenbat : selon le commandant du bataillon kényan, les deux parties sont actuellement équipées en masques antigaz et tenues protectrices. On en déduit que des armes chimiques vont être utilisées. »

Avant son départ, on ne lui avait parlé de rien. « Les Pays-Bas considéraient les Serbes comme une armée inférieure et voyaient leur propre armée comme une bonne armée. Pendant notre préparation, on nous a parlé de matériel désuet, pas de gaz toxiques. »

Bauke Snoep, du syndicat néerlandais AFMP a transmis l'information à La Haye: « La Haye a décidé de ne pas équiper nos hommes de tenues antigaz pour éviter une psychose dans la population aux Pays-Bas. Il a toutefois été décidé de les tenir à disposition en cas de demande. »

Le reportage de Zembla de 1998 donne également la parole au général M. Alic, jusqu'à sa retraite commandant du régiment NBC de l'armée nationale yougoslave (ANY) et responsable de la guerre nucléaire, biologique et chimique. Au moment de l'interview, il entamait une seconde  carrière comme chef d'une unité NBC qui devait inventorier l'usage d'armes chimiques par les Serbes. Il déclare que l'ANY disposait d'un programme étendu de production d'armes chimiques. Au cours du reportage, il confirme l'usage d'armes chimiques pendant la guerre des Balkans: « Pendant la guerre en Bosnie, on a utilisé 498 fois du gaz toxique, via les mortiers, les canons et les avions. On a utilisé 117 fois du gaz au cours d'actions de commando, et aussi du BZ. »

Human Rights Watch (HRW) a enquêté sur l'usage du BZ pendant la guerre des Balkans.  Le BZ est un gaz hallucinogène de combat.
.......................
Rien ne prouve que l'ANY, outre le CS, a aussi utilisé du BZ ou un mélange des deux pendant la guerre des Balkans, mais ce n'est pas impossible. La capacité chimique de l'ANY était en tout cas prise au sérieux par les Croates dès 1994. Un article sur le sujet, publié dans un journal croate, a été traduit en 1995 par l'armée américaine :

«La République fédérale de Yougoslavie comme on l'appelle et, grâce à elle, les unités paramilitaires serbes [qui opéraient aussi en Croatie et Bosnie, NDLR] sont équipée pour (. ..) utiliser du CS et du BZ dans tous les combats possibles. Pour limiter autant que possible la perte en hommes, il est nécessaire d'équiper toutes les unités de vêtements bien protecteurs, d'entraîner les unités à des actions donnant lieu à l'usage d'armes chimiques et de les préparer à un usage prolongé de ces tenues spéciales. Si ce n'est pas fait, les conséquences peuvent être terribles. Nous pourrions même en perdre la tactique et l'initiative opérationnelle tactique. »

Pour évaluer les risques courus , il est utile de se pencher sur les trésors chimiques de l'armée yougoslave, qui avait débuté son programme d'armement chimique dès 1958. Le centre de production et de recherche principal se trouvait à Potoci, à dix kilomètres au nord de Mostar, en Bosnie-Herzégovine. Entre 1961 et 1969, du sarin et du gaz  moutarde ont été testés dans les montagnes de Velez et Cvrnice. Le gaz moutarde (ypérite) est un gaz que les Allemands ont utilisé pour la première fois en 1917 contre les Alliés dans les tranchées de l'Yser, près d'Ypres en Flandre.

La personne exposée sans protection meurt. Une goutte de sarin ou de soman sur la peau peut être fatale et une exposition sans protection entraîne la mort en trente secondes. En 1984, la production du gaz BZ a débuté. La Yougoslavie travaillait en étroite collaboration avec l'Irak pour la production d'armes chimiques et de missiles au début des années quatre-vingt. Les chimistes allaient et venaient entre les deux pays.

Vers 1987, la Yougoslavie disposait d'un stock très limité de 250 grenades d'artillerie chargée au sarin. LANY disposait également de gaz moutarde, de BZ, de CS et de CN, de gaz suffocant phosgène, du gaz psychochimique LSD-25 et du gaz irritant chloripicrine. Elle avait également fait des tests de laboratoire sur, entre autres, le soman, le tabun, le gaz innervant et le VX.. Beaucoup de ces armes chimiques sont mortelles ou  rendent très malade à très faibles doses. On ignore cependant quelle était la taille de l'arsenal chimique de la Yougoslavie lors de sa désagrégation.

 Lors de l'éclatement de la Yougoslavie, il était clair que Mostar se retrouverait hors des frontières de la nouvelle Serbie. La production de l'usine a été arrêtée le 1 er janvier 1992. Un an plus tard, les installations ont été démantelées. L'usine a été transférée à Lucani, en Serbie du Sud, ainsi qu'un grand dépôt à Hadzici, près de Sarajevo, où était entreposé du dichlorure de méthylphosphonyle (CH3POC1Z>, une matière première pour la fabrication de sarin, de soman et autres gaz mortels. Selon la lettre d'information de Applied Science and Analysis Inc. (ASA), environ 30 tonnes de CH3POC1! ont disparu au cours de cette période.

Même si la production d'armes chimiques a été transférée en nouvelle Serbie, personne ne peut prouver qu'à ce moment, une partie des réserves n'était pas déjà entreposée dans les autres États de l'ex- Yougoslavie. Les vétérans témoignent que déjà du temps de Tito, chaque village croate ou bosniaque disposait de son propre dépôt de munitions. Les milices serbes en Croatie et en Bosnie pouvaient en outre compter sur le plein soutien de l'ANY. Selon Charles Gérard, (ancien des services secrets belges),  les munitions circulaient facilement, par exemple dans la Baranja croate, notamment parce que le secteur belge, Belbat, touchait Rusbat, le secteur russe. Les Russes étaient pro-serbes. Les Serbes utilisaient à foison ce passage frontalier.

Après l'implosion de la Yougoslavie l'industrie chimique de guerre tournait à plein en Serbie, dans les usines de Lucani, Baric et Krusevac. En 1999, année des bombardements de l'Otan, Milosevic disposait selon les estimations des services secrets occidentaux de 30 tonnes de sarin et 10 tonnes d'autres gaz toxiques.

L'ANY n'était d'ailleurs pas la seule à s'équiper chimiquement. Pendant la guerre, les musulmans à Tuzla (Bosnie) étaient coupés des autres territoires occupés par les musulmans. Ils se sont dès lors servis dans l'industrie chimique locale, notamment une usine de chlore. En grandes quantités, c'est un gaz mortel!!. Les Croates disposaient également de munitions chargées chimiquement, prises de guerre sur l'armée de l'ex-Yougoslavie.

On admet généralement que tous les belligérants ont utilisé des gaz lacrymogènes pendant la guerre des Balkans. Le gaz lacrymogène se compose de particules solides. Lors de la production à des fins militaires, ces particules subissent un processus de micro-encapsulation. Elles restent dès lors plus longtemps actives, si bien qu'il est plus aisé d'en constituer de fortes concentrations sur le terrain.

Et les Français ?

Ils ont aussi été proches des combats inter éthniques comme on a pu le lire dans les documents en tête de cette page ! Etaient-ils vraiment équipés contre ce risque ?

Pour en savoir plus sur les armes chimiques de guerre, vous pouvez télécharger le document suivant:

Les armes chimiques

©Tous droits réservés, armch, 2003  Jean-François Patenaude-M


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