COMMENTAIRES:
1) Ce document porte une date qui correspond au début du déploiement des forces de maintien de la paix en ex Yougoslavie. Malgré cette connaissance parfaite des risques, l'OTAN (principalement les Américains) a employé ce type de munitions en 1994-1995 en Bosnie, surtout aux environs de Sarajevo, puis en 1999, au Kosovo.
Il est possible, (possible... au moins jusqu'à une date récente), de retrouver sur le site internet de l'OTAN, la localisation et les dates des frappes aériennes avec des munitions à l'UA:
Pour le Kosovo: "http://www.nato.int/du/docu/d010124a.htm" et "http://www.nato.int/du/docu/d010124b.htm" pour la Bosnie.2) Ce document a été distribué aux spécialistes NBCR (Nucléaire Bactériologique Chimique Radiologique) déployés sur le terrain en accompagnement des troupes de la FORPRONU. Ils étaient chargés d'informer les militaires sur les risques potentiels qu'ils pouvaient trouver sur le terrain des opérations: champs de mines, armements des diverses forces en présence, etc. etc. Le risque concernant l'UA était donc parfaitement connu dès 1992. Après les frappes en Bosnie, des militaires ont participé à des opérations de récupération de munitions non explosées, ils ont fait du "nettoyage de terrain" (opération Salamandre notamment) mais sans être informés et protégés des risques dus à l'UA. Certains en sont morts.
3) Tout ce qui est décrit dans ce document s'applique essentiellement aux précautions à prendre lors des stockages et des manipulations des munitions à l'UA, ainsi que ce qu'il faut faire en cas d'accident. Il est bien évident que lors de l'usage de ces munitions pendant les opérations militaires, les risques sont au moins aussi importants. En revanche, ils sont déclenchés par les militaires eux-mêmes ( qui agissent sur ordre de leurs supérieurs, bien entendu.) .
OBUS-FLECHE : Poids: 8kg, Longueur: 90cm, Portée: 3 à 8 km (selon les calibres) Vitesse initiale: 1 700 m/s
Obus-flèche: comment ça marche ?
Version moderne du carreau d'arbalète, cette arme est formée d'une amorce (1) allumant un combustible à poudre (2) . A l'autre extrémité, un sabot (3) maintient le pénétrateur (4) usiné dans un métal très dense comme l'uranium ou le tungstène deux fois plus dense que l'acier. Après le lancement de l'obus, le sabot s'ouvre en libérant le pénétrateur à une vitesse supersonique de 1 700 mètres par seconde environ. A cette vitesse, l'impact est celui d'un caillou dans l'eau, le blindage jouant le rôle de l'au et la flèche, celui du caillou. Le blindage est percé mais l'arme possède d'autres effets.
Effet balistique:
Lors de son passage au travers du blindage, le pénétrateur se désagrège en petits fragments, véritables pluies d'éclats ravageant l'habitacle. Dans un char, par exemple, les systèmes de communication et de guidage, ainsi que léquipage vont être détruits par ces éclats. Le tank est paralysé.
Pression et température :
L'entrée brutale dans l'habitacle entraîne une surpression terrible capable de faire sauter une tourelle de char comme un bouchon de champagne. De plus, la vitesse et le contact entre les deux métaux dégagent une énorme chaleur de rayonnement dont l'effet destructeur s'ajoute aux précédents. Enfin, l'uranium est un matériau pyrophorique, c'est-à-dire qu'il prend feu dans l'air. En fait, comme le sodium ou le magnésium, l'uranium s'oxyde si vite qu'il prend feu. L'inflammation est même instantannée pour une poudre. Résultat: la flèche ne brûle pas dans l'air lorsqu'elle vole vers sa cible, mais ses fragments se consument à l'intérieur de la cible. Forte chaleur et flammèches achèvent la destruction totale du char.
Au regard des Conventions de Genève, l'arme devrait être interdite, mais son cas s'aggrave avec la contamination radioactive, et surtout toxique, qu'elle laisse. La poudre d'uranium se répand autour de la cible où une inhalation ou une ingestion, même longtemps après l'impact, est dangereuse : civils ou militaires continuent donc d'être exposés, comme en attestent les centaines d'enfants mal formés naissant actuellement en Irak.
Signé : DAVID LAROUSSERIE. ( Article paru dans SCIENCES et AVENIR de DECEMBRE 2000)
Et la panoplie actuelle :