LES ARMES CHIMIQUES


Le 4 octobre 1915  « [...] Nous continuons à avancer. Nous sommes maintenant à la hauteur de l'artillerie légère du 75. Les avions survolent la plaine, les obus boches tombent de temps en temps à droite et à gauche. Le 75, rageur hurle par rafales. Tout à coup une âcre odeur nous prend à la gorge, les yeux pleurent. Ce sont les gaz asphyxiants, vite on met le masque et les lunettes. Un quart d'heure d'angoisse. Les masques nous auront-ils protégés? Enfin ça y est, les gaz sont  passés...[...] » René Duval Paroles de Poilus Lettres et carnets du front 1914-1918, Radio France

Introduction

Une inquiétude croissante s'exprime quant aux risques du déclenchement d'une troisième guerre mondiale. Cette préoccupation vient de toute la sophistication et de la multiplication des armes. Nous nous rappelons tous de Hiroshima et Nagasaki, l'arme nucléaire ayant détruit des milliers de vie et de consciences. Pour une deuxième fois, une arme causa la terreur parmi des millions de gens.

Environ 30 ans plus tôt, l'emploi des gaz avait également causé les mêmes désastres. L'Allemagne avait découvert une nouvelle forme d'armes. Durant la première guerre mondiale, nous avons découvert cette arme dévastatrice. Les armes chimiques étaient assez convoitées par l'armée, car elles permettaient d'affaiblir l'ennemi à distance.

Les menaces d'utilisation d'armes chimiques surviennent de plus en plus fréquemment dans diverses régions du monde, incluant Montréal et d'autres villes nord-américaines. Il est important que le public soit amplement informé du danger des armes chimiques. L'emploi d'armes chimiques et les effets qui en résulteraient ont été examinés à plusieurs reprises. Ces études, très peu dévoilées, devraient être connues du public.

La Convention des Nations Unies sur les armes chimiques propose cette définition : « Toute substance chimique qui, à cause de ses effets sur les organismes vivants, peut entraîner la mort, une perte temporaire de performance, ou une lésion permanente aux humains ou aux animaux ».

Histoire des agents toxiques

Agents innervants

Le premier composé d'oxygène et de phosphore ( la base des agents innervants ) a été synthétisé par deClermont, en 1854, en France. En 1873, von Hofman, un chimiste allemand, synthétisa une autre forme d'agent innervant. C'est de ces deux chimistes que s'inspira Schrader, un autre chimiste allemand. C'est lui qui synthétisa le Tabun, le Sarin et le Soman. Il les synthétisa à partir d'insecticides. Il les synthétisa, respectivement, en 1937, en 1938 et en 1944. En 1949, le Docteur Ranajit Ghosh, un chimiste anglais, travaillait sur la synthèse des pesticides, quand il trouva l'agent innervant le plus dangereux, le Vx.

Beaucoup de pays ont un arsenal d'agents innervants, mais il y a peu de conflits où ils furent utilisés. Le seul pays à en avoir utilisé en quantité assez grande pour le mesurer fut l'Iraq, pendant la guerre contre l'Iran. Le seul de ces gaz qu'ils utilisèrent fut le tabun. Ils s'en servirent peu, car ils avaient peur de la réplique de la communauté internationale car, en 1983, il y eu un accord international signé par une majorité partie des pays. Cet accord prévoyait de graves punitions envers les pays qui utiliseraient des agents innervants. L'Iraq ne reçut aucune sanction, car l'Iran fut incapable de prouver que les Irakiens s'en étaient servis.

Gaz Moutarde

Le gaz moutarde a été synthétisé en 1859 par Guthrie. Mais, il n'y travailla pas beaucoup. Le premier scientifique à avoir fait des recherches sur ce gaz est Berenblum, en 1929, mais seulement après avoir observé l'effet du gaz, vu qu'il avait été utillisé pendant le première guerre mondiale (1914-1918). Les scientifiques croient que la découverte de ce gaz remonte au milieu du 19e siècle. Le gaz moutarde est connu sous plusieurs noms. Les Allemands l'appellent schwefellost ou croix jaune et les Français le nomment Ypérite. La raison, pour laquelle ils l'appelaient Ypérite est que la première fois que les Allemands l'utilisèrent contre les Alliés, c'était à Ypres, en Belgique.

Le gaz moutarde n'a pas été utilisé pendant la deuxième guerre mondiale (1939-1945), bien qu'à la fin de la guerre, les Alliés en trouvèrent de très grandes quantités entreposées en Allemagne, et qu'eux-mêmes en avaient une large quantité. La raison, pour laquelle les Allemands ne s'en servirent pas, reste nébuleuse, mais celle la plus plausible est celle de la peur. Les Allemands avaient peur que, s'ils attaquaient les alliés avec ce gaz, ceux-ci pourraient répliquer de la même façon. La guerre, où le gaz moutarde fut le plus utilisé, est celle entre l'Iran et l'Iraq, durant les années 1980. L'Iraq s'en servit à plusieurs reprises pour attaquer les soldats iraniens. Il y a aussi quelques autres conflits connus où le gaz fut utilisé, mais ce sont des conflits mineurs.

Classification des agents toxiques

Les agents chimiques de guerre sont considérés comme des substances chimiques, qu'elles soient gazeuses, liquides ou solides, et pourraient être employés en raison de leurs effets toxiques sur l'homme.

Les agents chimiques sont répartis en trois catégories selon l'emploi auquel on les destine : les agents létaux, les agents incapacitants et les agents neutralisants. Un agent létal est conçu pour provoquer la mort lorsque l'homme y est exposé à des concentrations aisément réalisables dans les opérations militaires. Les agents incapacitants sont destinés à provoquer temporairement, soit la maladie, soit une incapacité mentale ou physique dont la durée dépasse de beaucoup la période d'exposition. Les agents neutralisants provoquent rapidement une incapacité qui ne se prolonge pas au-delà de l'exposition.

Nous pouvons diviser les agents chimiques de guerre en plusieurs groupes selon les effets que produisent ces substances sur le corps humain: les irritants, les incapacitants psychiques et physiques, les vésicants, les suffocants (ou asphyxiants), les toxiques de l'oxygénation (ou hémotoxiques), les neurotoxiques organophosphorés et finallement les toxines.

Les gaz asphyxiants ou suffocants, qui ont été fréquemment utilisés dans le passé, notamment lors de la Première Guerre mondiale, sont les gaz à avoir été utilisés durant les premières guerres chimiques. Ce sont des liquides très volatiles qui, inhalés sous forme de gaz , s'attaquent à la muqueuse alvéolaire. C'est à cette catégorie qu'appartiennent de chlore et la phosgène. Nous les employons de moins en moins, car ils n'offrent pratiquement plus d'intérêt à cause des progrès des techniques défensives.

Les vésicants, eux, sont plus utilisés. Ce sont des liquides huileux qui provoquent des brûlures sur la peau. Le plus célebre est l'ypérite (gaz moutarde).

Hémotoxique signifie les toxiques du sang qui entrent à l'intérieur de l'organisme par les voies respiratoires et viennent perturber l'utilisation de l'oxygène dans les tissus. Deux agents connus de ce type sont l'acide cyanhydrique et le chlorure de cyanogène.

Les neurotoxiques constituent ce qu'il y a de mieux en matière d'agents chimiques de guerre. C'est la dernière famille connue et en plus, la plus mortelle et la plus redoutable. Celle-ci représente un danger pour les guerres à venir, avec des quantités immenses entreposées dans quelques pays. Aussi appelés agents innervants, ce sont des produits chimiques incolores , inodores, sans saveur, plus ou moins visqueux et de volatilité variable. Ils peuvent être absorbés par inhalation et par voie cutanée. Il s'agit d'une classe de substances dérivées des insecticides organophosphorés qui agissent sur le système nerveux et perturbent les fonctions vitales de l'organisme. Ce sont donc des inhibiteurs de l'acéthylcholinestérases.

Il existe deux grandes catégories d'agents neurotoxiques: les agents G et les agents V. Les agents V sont le tabun (GA), le sarin (GB) et le soman (GD). Ils n'ont pas tout à fait les mêmes caractéristiques physico-chimiques, mais leurs effets sont sensiblement les mêmes. Les agents V sont les préférés des militaires. Leurs effets sont pratiquement identiques aux agents G mais avec une dose létale beaucoup moins élevée. Les neurotoxiques n'en demeurent pas moins les plus létaux des agents chimiques. Il est très tentant d'y avoir recours, car il est très difficile de s'en protéger. Une fine gouttelette sur la peau d'un homme suffit à le tuer.

Étude des agents

1) Agents innervants :  1.1 Tabun ,  1.2 Soman,   1.3 Sarin

2) Agents vésicants : 2.1 Ypérite

Tabun (GA)

Le tabun a été découvert en 1937 par Gerhard Schader en Allemagne et a été produit industriellement pour la première fois en 1942. Le tabun fut utilisé par l'Irak durant la guerre de Iran-Irak. Lorsqu'il est pur, le tabun est un liquide incolore avec une odeur fruitée. Le produit industriel a une couleur brune et une odeur d'amende dû à la formation de cyanure d'hydrogène. Le tabun produit par les Allemands contenait généralement 5 % à 20 % de chlorobenzène servant de solvant et de stabilisateur.

Le tabun est le N-diméthylaminocyanophosphite d'éthyle ou C5H11N2O2P

Voici les différentes propriétés du tabun :

Point d'ébullition : 246 °C  Pression de la vapeur : 0,037 mm Hg   Densité de la vapeur : 5,63 (air = 1) 

Solubilité : légèrement soluble dans l'eau, 9,8g/100g (25 °C), 7,2g/100g (20°C), facilement soluble dans les solvants organiques.

Point de congélation : -50°C   Masse volumique à l'état liquide : 1,073g/cm3 (25 °C)   Indice de viscosité : 2,18 (25 °C)

Volatilité : 610 mg/m3 (25 °C)   Point d'ingnition : 78 °C

Apparence et odeur : lorsqu'il est pur, il est un liquide incolore et inodore. Liquide brun, odeur fruitée lorsqu'il est produit industriellement.

Soman (GD)

Le soman fut découvert en 1944 à la fin de la deuxième guerre mondiale. L'origine du nom est incertaine, mais nous pensons qu'elle provient du grec « sommeil ». Le soman n'a jamais été utilisé au combat mais après la deuxième guerre mondiale, le soman a été produit en grande quantité par l'Union soviétique. Une variante plus épaissie fut développée. Le soman est incolore quand il est pur, mais brun-jaune lorsqu'il est produit industriellement. Cette substance liquide a une odeur fruitée en se vaporisant, mais le produit industriel contient beaucoup d'impuretés, ce qui lui donne une forte odeur et une très grande viscosité. La vapeur est incolore. La dose mortelle lors de l'inhalation est d'environ la moitié de celle du sarin. C'est d'ailleurs un agent bien plus persistant que le sarin, de sorte qu'il peut rester facilement dans une zone particulière un jour ou plus, selon les conditions atmosphériques.

Le soman est le méthylfluorophosphonate de pinacolyle ou C7H16FO2P

Voici les différentes propriétés du soman :

Point d'ébullition : 198 °C  Pression de la vapeur : 0,40 mm Hg  Densité de la vapeur : 6,33 (air = 1)

Solubilité : 2,1 % dans l'eau (20 °C), soluble dans la moutardre au souffre,dans l'alcool et dans l'huile.

Point de congélation : -42°C   Masse volumique à l'état liquide : 1,0222 g/cm3 (25 °C)  Volatilité : 3 900 mg/m3 (25 °C)

Point d'ingnition : 121 °C

Apparence et odeur : quand il est pur, c'est un liquide incolore avec une odeur fruitée. Avec des impuretés, il est de couleur ambre ou brun foncé,avec une odeur de camphre.



Sarin (GB)

Le sarin a été découvert en Allemagne en 1939. Son nom provient des noms des chimistes impliqués dans sa création: Schrader, Ambrose, Rüdiger, Linde. Le sarin fut utilisé lors de la deuxième guerre mondiale et lors de la guerre entre l'Irak et l'Iran.

Le sarin est un liquide sans couleur et non-persistant, qui ne dégage aucune odeur en se vaporisant. La vapeur est sans couleur. Le sarin s'évapore 36 fois plus rapidement que le tabun. Il peut être rendu plus persistant par l'ajout de certaines huiles ou produits pétroliers. Le sarin est le méthylfluorophosphonate de d'isopropyle ou C4H10FO2P . Le sarin est le méthylfluorophosphonate de d'isopropyle ou C4H10FO2P

Voici les différentes propriétés du sarin :

 Point d'ébullition : 158 °C   Pression de la vapeur : 2,9 mm Hg   Densité de la vapeur : 4,86 (air = 1)

 Solubilité : légèrement soluble dans l'eau, soluble dans tous les solvants organiques.   Point de congélation : -56°C


Masse volumique à l'état liquide : 1,0887g/cm3 (25 °C)   Volatilité : 22,000 mg/m3 (25 °C)

Point d'ingnition : 78 °C   Apparence et odeur : liquide incolore et inodore, quand il est pur.

Ypérite (gaz moutarde)

L'ypérite, synthétisée en 1822, fut utilisée pour la première fois comme gaz toxique de guerre en juillet 1917 à Ypres en Belgique. Celle-ci lui donna son nom d'ypérite. Ces obus à l'ypérite marquèrent un pas important dans la guerre chimique. Ce gaz toxique vésicant attaquait n'importe quelle partie du corps en causant des brûlures. À cause d'une grande persistance, en plus du masque à gaz, on devait porter des vêtements de protection imperméables. Dès son apparition, l'ypérite est devenu le principal gaz de combat.

Cette moutarde sulfurée est le sulfure de 2-2' dichlorodiéthyle ou S(C2H4Cl)2

Voici les différentes propriétés de l'ypérite:

Point de congélation : 13 °C - 14 °C  Point d'ébullition : 215 °C - 217 °C  Pression de la vapeur ( 20 °C ) : 0,11 mmHg

Solubilité dans l'eau ( 20 °C ) : 0,8 g/L   Volatilité ( 20 °C ) : 625 mg/m3  Densité à l'état liquide ( 15 °C ) : 1,285 comparé à l'eau  

Densité à l'état solide ( 0 °C ) : 1,362 comparé à l'eau   Densité à l'état vapeur : 5,4 comparé à l'air

Indice de viscosité ( 20 °C ) : 2,6 ( eau = 1 )

À l'état pur, le sulfure d'éthyle dichloré est un liquide incolore et huileux, de densité 1,27 g/cm3 qui se fige à une température de 14,4 °C en une masse blanchâtre composée de cristaux en forme d'aiguilles. Il n'attaque pas les métaux à température ordinaire, contrairement à la fabrication industrielle où il renferme de l'acide chlorhydrique, qui pourrait s'attaquer faiblement à l'acier. Lors de la dernière étape de production, ce produit toxique sera desséché pour pouvoir être entreposé à l'intérieur de contenants en métal. L'ypérite pénètre rapidement les vêtements, le cuir, le bois et le caoutchouc. Le pointd'ignition est relativement bas ( 105 °C ), ce qui implique une certaine perte de produit lors de la dispersion par explosion. Son point d'ébullition est de 217 °C à la pression atmosphérique normale. L'ébullition s'accompagne d'une décomposition partielle et d'une coloration foncée. Pour le purifier, on peut le distiller dans le vide, par exemple entre 107 °C et 109 °C sous une pression de 15 mm Hg.

À l'état industriel, le produit n'est pas pur. Des impuretés lui donnent une couleur brun jaune. Cela abaisse beaucoup le point de congélation. Ces impuretés modifient aussi l'odeur du produit industriel, en nous rappelant l'odeur de l'ail ou de moutarde. L'odeur de l'ypérite industrielle est décelable à partir de 0,180 mg/m3 dans l'air. Aussi, l'addition de solvants permet d'abaisser considérablement la température à laquelle le mélange n'est plus fluide. Ceci augmente son emploi par grands froids.

Si à 15 °C, la persistance de l'eau est 1, le sulfure d'éthyle dichloré a comme coefficient de persistance 630 à 0 °C, 103 à 15 °C et 44 à 25 °C. Sa faible volatilité fait de ce produit toxique un agent persistant qui pourrait contaminer les surfaces qu'il couvre jusqu'à plusieurs semaines. La persistance diminue avec la température ( évaporation ) et l'humidité ( hydrolyse ).

À températue ordinaire, l'ypérite est assez stable. Nous pouvons la chauffer à une température de 150 °C sans que la décomposition se produise. Elle commencera à 180 °C puis finira à 500 °C. Cette décomposition entraîne la formation d'hydrocarbures insaturés toxiques, de goudrons et d'acide chlorhydrique.

Classification des agents

1. Irritants 2. Incapacitants psychiques et physiques 3. Vésicants 4. Suffocants

5. Toxiques de l'oxygénation 6. Neurotoxiques organophosphorés 7. Toxines

1. Irritants

1.1 Lacrymogènes

bromacétone  - bromacétate d'éthyle  - cyanure romobenzyle  - iodacétone  - iodacétate d'éthyle    - iodacétate de méthyle  - chloracétone  - chlorure de benzyle  - chlorure de xylyle  - chlorure de cacodyle  - chlorure de benzyle orthonitré  - acroléine  - chlorosulfate d'éthyle  - chlorosulfate de méthyle  - w-chloracétophénone  O-chlorobenzylidène malononitrile

1.2 Sternutatoires

- cyanure de diphénylarsine  - chlorure de diphénylarsine  - dichlorure d'éthylarsine  - dibromure d'éthylarsine   - dichlorure de phénylarsine  - dibromure de phénylarsine  - sulfate de diméthyle

1.3 Urticants

2. Incapacitants psychiques et physiques

- benzilate de quinuclidinol ou BZ  - diéthylamide de l'acide lysergique ou LSD25  - mescaline  - psylocybine

3. Vésicants

- sulfure d'éthyle dichloré ou ypérite ou gaz moutarde  - dichlorure d'éthylarsine  - dibromure d'éthylarsine         - dibromure de méhylarsine  - dichlorovinyldichlorarsine ou lewisite  - bis (dichloroéthyle) éthylamine   - bis (dichloroéthyle) méthylmine

4. Suffocants

-          chlore  - oxychlorure de carbone ou phosgène  - chloroformiate d'éthyle monochlore  - chloroformiate d'éthyle trichloré ou diphosgène  - chloropicrine ou trichloronitrométhane  - chlorure de phénylcarbylamine  - brome - acroléine  - sulfure d'hydrogène 

5. Toxiques de l'oxygénation

- acide cyanhydrique  - chlorure de cyanogène  - iodure de cyanogène  - bromure de cyanogène - chlorure de phénylcarbylamine

6. Neurotoxiques organophosphorés

- méthanefluorophosphonate d'isopropyle ou sarin  - diméthylamidocyanophosphate d'éhyle ou tabun    - méthanefluorophosphonate de pinacolyle ou soman   - méthanethiolophosphonate de O-éthyle S-diisopropylaminoéthyle ou VX

7. Toxines

- toxine botulinique  - ricine  - entérotoxines staphylococciques

Effets sur la santé

1) Agents innervants (tabun, sarin, soman)

Le tabun , le sarin et le soman n'ont pas tout à fait les mêmes caractéristiques physico-chimiques,mais leurs effets sont sensiblement les mêmes et ils diffèrent surtout entre eux en raison de leur toxicité.

Ces agents innervants agissent sur le système nerveux et perturbent les fonctions vitales de l'organisme. Obscurcissement de la vue, difficultés respiratoires, sueurs abondantes, vomissement, confusion mentale et enfin la mort, ne sont que quelques uns des effets qu'ont ces produits toxiques sur l'homme. Une simple absorption par la peau pendant une à deux minutes peut entraîner la mort. La première cible des agents innervants est le système cholinergique à la jonction neuromusculaire. Les neurotoxiques agissent en bloquant lla transmission des influx nerveux se rendant aux muscles par inhibition d'un enzyme appelée acétylcholinestérase. Cela provoque une accumulation rapide d'une substance de transmition synaptique appelée acétylcholine (neurotransmetteur) qui, normalement est décomposée par l'acétylcholinestérase quelques millisecondes après avoir été libérée. Alors, la transmission des influx nerveux ne fonctionne plus. Cela peut causer des manifestations physiques : ataxie, confusion,  perte de réflexes, problèmes d'élocution, coma et même paralysie.


Les agents neurotoxiques attaquent le syst ème nerveux du corps humain. Lorsqu'un nerf reçoit un stimulus, l'acétylcholine est libérée pour pouvoir amener l'influx nerveux jusqu'aux muscles et aux organes. Une fois l'influx a passé, le neurotransmetteur doit être éliminé de l'espace synaptique pour rendre à nouveau possible la communication du prochain influx. Il ce produit alors une destruction enzymatique des neurotransmeteurs dans cet espace à la jonction neuromusculaire, ce qui empêche leur accumulation. L'enzyme acétylcholinestérase est présent dans l'espace synaptique au niveau des cellules musculaires.Cet enzyme détruit la molécule d'acétylcholine la rendant inactive au niveau des récepteurs à l'acétylcholine.

Les neurotoxiques empêchent le fonctionnement de l'acétylcholinestérase. Ils se lient à l'acétylcholinestérase qui ne peut plus donc décomposer l'acétylcholine. Celle-ci, n'étant pas décomposée par l'acétylcholinestérase, s'accumule à la jonction neuromusculaire, et l'influx nerveux ne pourra plus être transmis de la cellule nerveuse à la cellule musculaire causant une paralysie. Les agents innervants, quand inhalés, prennent de quelques secondes à cinq minutes avant de réagir. Les premiers symptômes qu'une victime éprouvera, suite à l'exposition à ce neurotoxique, sont le nez qui coule et la dilatation des pupilles. Elle aura alors de la difficulté à respirer et des nausées. Dû à l'arrêt des fonctions corporelles, des vomissements, mictions et défécation involontaire se produirons.

Il y aura ensuite des contractions, des spasmes , des vertiges, et possibilité de bradycardie ou d'hypotension, puis finalement la personne deviendra en état de coma et suffoquera. La mort est causée par anoxie, qui est due à plusieurs facteurs, dont la paralysie du système respiratoire et une sévère constriction des bronches.

Le tabun est principalement absorbé par la peau, mais les vapeurs peuvent être tout aussi dangereuses. Si une personne ne reçoit pas la dose létale immédiatement, elle mourra environ 20 minutes après.

Le sarin est un liquide très volatil, alors l'inhalation de même que l'absorption par la peau sont une menace sévère pour la victime.

Le soman est extrêmement toxique par absorption par la peau. La mort suivra 15 minutes après qu'une dose mortelle ait été absorbée.

2 ) Agents vésicants (Ypérite)

Les effets du gaz moutarde dépendent de plusieurs facteurs, tels les conditions climatiques, les organes exposés et la durée d'exposition. Les effets toxiques du gaz moutarde sont l'inhibition de la mitose, des phases de division des cellules et une dimunition de la respiration des tissus.

Les premières parties du corps affectées par le gaz moutarde, sont la peau, les yeux et les poumons. Il est aussi rapporté que le gaz moutarde est cancérigène. Les brûlures causées par le gaz moutarde sont sévères et prennent de longues périodes à guérir. Le gaz moutarde a un effet très rapide, car il a une très grande solubilité dans les lipides.

Les effets sur les yeux sont les suivants: douleur de brûlure intense, irritation de la conjonctive, larmes, blépharite et gonflement rapide des paupières. Certains de ces effets peuvent durer jusqu'à 15 ans après l'intoxication.

Les effets sur la peau: érythème, démangeaisons, sensation de douleur et de de brûlures. Après quelques jours, il y a apparition d'ampoules contenant un liquide jaunâtre. Le liquide jaunâtre n'est pas du gaz moutarde. Quand l'ampoule éclate, il reste un ulcère blanc. Ces symptomes sont comparés aux effets d'une brûlure au deuxième degré.

Les effets sur le système respiratoire apparaisent de 30 minutes à 3 heures après l'intoxication. Voici quelques symptomes: douleur de brûlure dans la bouche, les narines et le pharynx, éternuements et étouffements. Si l'intoxication est très sévère, il peut y avoir des hémorragies au niveau des alvéoles.

Une recherche a démontré que 80% du gaz moutarde s'évaporait, 20% était absorbé par la peau. De ce 20%, la moitié est absorbée par les cellules de la peau, et l'autre 10% entre dans la circulation . Malgré la terreur qu'il inspire, le gaz moutarde n'est pas vraiment un gaz meurtrier. Durant la première guerre mondiale, seulement 3% des soldats intoxiqués par le gaz moutarde en sont morts.

Les effets du gaz moutarde sont peu étudiés par les scientifiques à cause de leur nature hautement réactive.Voici les concentrations de moutarde trouvées dans différentes parties du corps d'un Iranien mort à la suite d'une intoxication à ce gaz: cerveau: 10,7 mg/kg, liquide céphalorachidien: 1,9 mg/L, foie: 2,4 mg/kg, reins: 5,6 mg/kg, rate: 1,5 mg/kg, poumons: 0,8 mg/kg, muscles: 3,9 mg/kg, tissus adipeux: 15,1 mg/kg, peau abdominale: 8,4 mg/kg, sang: 1,1 mg/L.

Doses

Pour faciliter l'utilisation des agents chimiques en temps de guerre, il fallait quantifier, classer, définir des normes et des critères pour pouvoir créer une hiérarchie entre eux, et voir dans quelles conditions il était préférable de prendre un agent plutôt qu'un autre. C'est ainsi que nous avons mis au point la dose ct.

La dose d'agent inhalé est proportionnelle à la concentration de l'agent (c) et à la durée de l'exposition (t ). Par exemple, si la concentration est faible, l'agent doit rester plus longtemps au-dessus de la zone à contaminer. C'est donc le produit de la concentration de l'agent et de la durée de l'exposition qui donne la dose effective ou dose ct ( constante de Haber ).

Cependant, cette dose n'est pas très précise car elle dépend d'un trop grand nombre de facteurs comme: la taille des particules de l'agent, la vitesse de respiration des humains, etc. Il a donc fallu trouver une dose qui avait une probabilité connue de produire un effet particulier. C'est la dose DE, qui signifie la dose efficace. Par exemple, DE 50 veut dire que la dose ct a 50% de chance de produire l'effet voulu. Lorsque cet effet est la mort, on parle de DL 50, c'est-à-dire Dose Létal 50. On parle aussi de DI 50 pour les incapacitants et de DN 50 pour les neutralisants. Si la concentration de la dose ct est en mg/m3, et le temps en minute, on exprime cela en mg-min/m3.

Par exemple la dose ct du tabun = 1500. Si t= 1min, c = 1500 mg/m3; si t = 30 min, c = 50 mg/m3. Avec l'ypérite, la concentration mortelle sera donc de 50 mg-min / m3 pour une personne exposée pendant 30 minutes.

Glossaire

acétylcholine: Médiateur chimique libéré par les terminaisons nerveuses des neurones cholinergiques lors de la transmission des influx nerveux.

acétylcholinestérase: Enzyme présente à la terminaison neuromusculaire qui dégrade l'acétylcholine, ce qui empêche la poursuite de la contraction musculaire en l'absence d'une stimulation additionnelle.

adrénaline: Neurotransmetteur faisant partie du groupe des catécholamines et principale hormone sécrétée par la médulla surrénale.

anoxie: Manque d'oxygène au niveau des tissus.

ataxie: Perturbation de la coordination des muscles qui entraîne l'imprécision des mouvements.

blépharite: Inflammation des paupières.

bradycardie: Fréquence cardiaque lente.

dopamine: Neurotransmetteur faisant partie du groupe des catécholamines.

érythème: Congestion cutanée qui donne lieu à une rougeur de la peau.

myosis: Rétrécissement de la pupille.

noradrénaline: Neurotransmetteur faisant partie du groupe des catécholamines et hormone de la médulla surrénale, associée à l'activation du système nerveux sympathique.

sérotonine: Neurotransmetteur faisant partie du groupe des monoamines.

Système parasympthique: Dvivision du système nerveux autonome; les axones périphériques proviennent du tronc cérébral et de la moelle épinière sacrée; elle maintient la fréquence cardiaque et les fonctions respiratoire ,métabolique et digestive dans des conditions normales.

Système sympthique: Dvivision du système nerveux autonome; les axones périphériques partent de la moelle épinière lombaire et thoracique; elle active diverses réponses physiologiques dans des situations de « fuite ou attaque » : en augmentant la fréquence cardiaque, la respiration, la pression sanguine, la mobilisation d'énergie, et en diminuant l'activité des fonctions digestives et de la reproduction.

Liens

Centre de Toxicologie du Québec <http://www.ctq.qc.ca/>

Organisation mondiale de la santé <http://www.who.int/home-page/index.fr.shtml>

Otan <http://www.nato.int/>

Histoire des armes chimiques <http://www.ipsn.fr/saci/fr/CHIMIE/info/info_00.htm>

Informations sur les armes chimiques :

<http://www.radio-canada.ca/nouvelles/actualite/attentat/Lamenace/home/index.htm>

Onu <http://www.un.org>

Organisation pour l'interdiction des armes chimiques <http://www.opcw.org/>

Centers for Disease Control and Prevention <http://www.bt.cdc.gov/Agent/agentlistchem.asp>


AUTRES LIENS :

http://www.multimania.com/armch/

<http://membres.lycos.fr/armch/histoire.html>

<http://membres.lycos.fr/armch/effetsorganisme.html>

<http://membres.lycos.fr/armch/etudedesagents.html>

<http://membres.lycos.fr/armch/doses.html>

  http://membres.lycos.fr/armch/classification.html

©Tous droits réservés, armch, 2003  Jean-François Patenaude-M. courriel: jf_pm@hotmail.com <mailto:jf_pm@hotmail.com>

Dernière mise à jour: 30 mars 2003